Audrey Lieutaud

Les clés de la réussite d’Audrey Lieutaud, fondatrice de Mon petit bikini

On ne la présente plus. L’entrepreneure aguerrie Audrey Lieutaud a répondu à nos questions. L’occasion d’aborder les sujets de la charge mentale au travail, aussi en tant que maman cheffe d’entreprise, et les projets de la boss cannoise.

Madame Riviera : Coucou Audrey, on se rentre pour la première fois, enchantée ! Et on se retrouve dans un très beau cadre puisque c’est l’hôtel du Suquet à Cannes qui nous accueille très gentiment.

Je pense qu’il y a beaucoup de personnes qui te connaissent mais est-ce que tu peux quand même faire un petit topo de ton parcours et ton activité professionnelle ?

Audrey Lieutaud : J’ai 39 ans, je suis la maman d’un petit garçon qui a 5 ans et demi, je suis une girlboss retraitée, une jeune girlboss retraitée. J’ai créé il y a 13-14 ans maintenant monpetitbikini.com, qui était le premier site de vente en ligne de maillots de bain en France. Ensuite j’ai également créé la marque Mon petit bikini donc je faisais le propre design de mes maillot de bain. Au début c’était vraiment un site multi-marques qui rassemblait plus de 3000 références de maillots de bain et toutes les marques de maillots de bain du monde entier. Après, j’ai créé ma propre marque donc je suis devenue styliste. Et je suis aussi devenue entre temps influenceuse, créatrice de contenus sur les réseaux sociaux.

Comment explique-tu ton succès, parce que très clairement tu as eu beaucoup de succès par le biais de Mon petit bikini, après comme tu dis, en tant qu’influenceuse. Qu’est-ce qui selon toi fait la différence par rapport aux autres ?

Alors je pense que dès le début j’ai rêvé grand. C’estt à dire que je dis tout le temps un de mes conseils clés du succès c’est vraiment ‘Dream Big’. Donc dès le début je me disais, ‘je vais être la Victoria Secret française, je vais être le plus gros site devant en ligne de maillots de bain’. Et à force d’en rêver, de visualiser, de manifester, d’y croire vraiment… Je croyais en mon projet j’étais toute seule à l’époque. J’étais vraiment seule avant la vente de maillots de bain sur internet. Et voilà, ça a été l’acharnement, vraiment y croire et beaucoup de déterminations. J’ai beaucoup travaillé et puis après le facteur aussi j’étais là au bon moment je pense que le bon timing c’est important. Même l’influence, je suis allée très tôt sur Instagram pour Mon petit bikini et ensuite moi, en perso.

Tout était aligné…

Voilà, exactement. Et puis aussi parce que j’étais profondément passionnée, parce que, que ce soit Mon petit bikini, que j’ai revendu d’ailleurs, ou mon travail de créatrice de contenu, ça me plaisait, je le fais à fond. J’ai toujours eu une longueur d’avance, je pense que ça a été un gros plus clairement.

Tu es aussi maman d’un petit garçon qui s’appelle Pablo. Quand tu as appris ta grossesse, tu étais déjà une grande femme d’affaires, est-ce que tu as repensé un peu en avant ta carrière, en termes d’organisation de priorités, ou est-ce que quelque part tu t’es dit ‘je vais essayer de tout mener de front’ ? Parce que c’est quand même quelque chose de compliqué c’est un peu un challenge à faire quand on est femme d’affaires.

Alors non pas du tout. J’ai travaillé jusqu’au dernier jour c’est à dire la veille de mon accouchement. J’étais en train de monter une boutique donc je faisais le marchandising, je montais sur une échelle pour accrocher les maillots de bain etc, donc je ne me suis pas du tout arrêtée. Et ensuite j’ai repris le travail. Je suis sortie de la maternité et je suis retourne au travail le lendemain avec mon bébé bien sûr, je ne l’ai pas laissé mais je le prenais avec moi au travail. Je me suis vraiment dit ‘je suis une girl boss pas de soucis, je gère, je vais gérer ça’. Et je n’ai jamais vraiment pensé à m’organiser hormis l’inscrire à la crèche.

Je déléguais beaucoup déjà à l’époque mais à aucun moment j’ai réalisé la charge mentale que ça allait être d’avoir un enfant, rajouté à ma carrière de chef d’entreprise débordée et successfull. Donc je ne me suis pas du tout organisée et aujourd’hui je le regrette. Bien sûr que je ferai différemment, mais on ne peut pas toujours faire différemment. Mon petit bikini était en pleine explosion, même si je déléguais, c’était très compliqué de m’arrêter.

Aujourd’hui, est ce que tu fais différemment que ce que tu faisais à cette époque là, justement quand tu as eu ton petit garçon ?

Alors oui, complètement. J’ai vraiment changé ma façon de travailler, de voir la vie, je suis beaucoup plus sereine. J’étais très stressée aussi à l’époque où j’ai eu Pablo. Aujourd’hui je fais les sorties scolaires avec Pablo, je vais les chercher à 16h à l’école et le mercredi je ne travaille pas, je l’amène au tennis, c’est un mini Nadal. Voilà, je passe beaucoup beaucoup de temps avec Pablo, parce que je me suis déchargée. J’ai compris beaucoup de choses et vraiment je me suis organisée autrement. Je me suis dit qu’il fallait aussi que je profite de mon enfant et que la vie ne se résume pas à mon travail. Avant, ma vie se résumait vraiment à mon travail et basta. Alors qu’aujourd’hui, plus du tout.

Je pense que c’est beaucoup le cas pour les personnes qui se lancent en tout cas. Parce que comme tu dis, il y a la passion, évidemment. Quelque part c’est déjà un premier bébé…

C’est ça. Je culpabilisais un peu de délaisser Mon petit bikini pour Pablo. En fait, un jour j’ai une amie qui m’a dit ‘Mon petit bikini, c’est pas du tout un bébé, c’est du business’.

Quelles sont les leçons que tu as pu apprendre ou tirer justement de toutes ces années professionnelles ?

Il ne faut pas trop tirer sur la corde. Alors, évidemment, il faut se donner à fond mais il faut aussi se préserver, préserver sa famille, préserver sa santé mentale. Je l’ai compris un peu trop tard je suis pas passé par un burn out entre temps. Donc voilà, il faut aussi prendre du temps pour eux, pour soi c’est très important. C’est vrai qu’aujourd’hui on parle beaucoup et que c’est limite une trend de faire du pilates, de boire des jus détox, de se faire masser… Mais vraiment à mon époque, on n’en parlait pas du tout. On commençait à parler de charge mentale mais il y avait pas des cercles de femmes. On est vraiment dans une ère très spirituelle. Il n’y avait pas tout ça vraiment. Je culpabilisais si j’allais déjeuner ou si je faisais une après-midi shopping. Limite, j’avais honte, je ne le disais pas à mes salariés. Je disais ‘je suis en rendez vous’ alors que non. Maintenant je dis que je vais me faire masser ou que je vais faire du shopping. On en a aussi besoin pour mieux travailler. Même si j’étais très compétente en travaillant tout le temps, à un moment, ça a tiré sur la corde et peut-être que je n’aurais pas fait de burn out et j’aurais pu plus tenir sur la longueur. J’ai un peu explosé en plein vol.

Tu parlais de spiritualité… En te suivant sur les réseaux sociaux, on est témoin de ton attrait , de ta passion même pour la spiritualité. Pour les personnes qui ne le sont pas forcément ou qui hésitent un peu, qu’est-ce que ça a changé pour toi que ce soit dans la vie de tous les jours ou dans ta situation professionnelle ?

Alors la spiritualité ça m’a vraiment aidée à m’apaiser. Ca me fait vraiment du bien que ce soit de méditer, de tirer les cartes, de me connecter tout simplement. Après, je pense que l’une des clés de mon succès c’est que j’ai toujours écouté mon intuition. J’ai souvent des flashs, je pense que tout le monde a une intuition, mais il y a des personnes qui n’écoutent pas les signes. Moi j’ai toujours écouté les signes, les flashs depuis le tout début. J’ai toujours fait attention à ça, même quand je faisais mes études, même dans mes choix de stage, de boulot choix d’études etc. J’y vais toujours à l’intuition. Même avec Mon petit bikini j’étais persuadée que c’était ça et que ça cartonnerait. Donc vraiment ça m’aide au quotidien, aussi dans la vie professionnelle pour réussir.

En parlant de bien-être, du fait de prendre soin de toi, tu as récemment expliqué en story que tu suivais un régime. Je ne sais pas c’est encore le cas, mais tu as expliqué notamment que tu ne comprenais pas pourquoi tu t’infligeais ça, parce que finalement tu étais bien dans ton corps et tu as dit, je cite, que « c’était sûrement pour ne pas sortir du 38 et être comme tout le monde ». Tu te questionnais donc sur le fait de rester comme tu étais, sans régime. Est-ce que tu peux nous dire d’où tu en es dans cette réflexion ? Parce que tu as soulevé quand même un sujet très important : savoir si on fait les choix que l’on fait sont pour nous ou pour la société et pour faire comme tout le monde.

Ces derniers temps, j’ai pris du recul et me suis détachée du regard des gens. Il faut d’ailleurs le faire quand on est créatrice de contenu et exposé aux réseaux sociaux parce que sinon on ne s’en sort pas. Ça peut être dangereux pour notre santé mentale. C’est vrai que j’ai toujours aimé la perfection, que ce soit dans mon travail ou dans mon image. Je lâche un peu prise avec ça et je me dis que c’est parce que je veux rentrer dans le moule, mais dans le moule de la société, dans les cases. Mais moi je me trouve mieux avec une taille 40. Je n’ai jamais eu autant de succès, je ne me suis jamais autant plu. Donc au final je me force à retrouver mon poids d’avant mais en fait je me dis ‘est-ce que j’étais plus heureuse et mieux dans ma peau au poids d’avant ou à ce poids maintenant ?’. Je me rends compte que quand j’étais au poids d’avant, beaucoup plus mince, bah j’étais pas bien dans ma peau. On recherche toujours quelque chose d’idéal. Tant que je fais attention à la santé (je fais quand même beaucoup de sport), je ne veux plus me m’imposer ce qui me rendait très malheureuse.

Crédit photos et vidéo : Baris Demiray

Pour revenir à ton activité professionnelle et pour rappel, tu as perdu ton bras droit Coralie, qui était aussi une amie très proche. Est-ce que tu peux nous dire comment est-ce que tu as réussi à te remettre de cette période ? Parce que c’est un deuil déjà personnel et professionnellement ça t’a aussi impactée. Ça t’a notamment amenée à prendre un choix aussi par le biais de Mon petit bikini, si tu peux nous en dire plus…

Ça a été terrible. On avait fêté son anniversaire 3 jours avant, elle n’était pas du tout malade, on ne sait toujours pas de quoi elle est morte, il y a une enquête en cours. C’est un vrai drame un vrai bouleversement. C’était une personne que je voyais plus qu’on peut voir son petit copain, son conjoint, sa famille. Ça faisait 13 ans qu’on se parlait, qu’on se voyait. Ensemble, nous avons connus les succès, les obstacles, les difficultés. Elle était toujours là pour me remonter le moral. Elle géré complètement la boîte avec moi, on le faisait en binôme. Donc ça a été un effondrement du jour au lendemain, un choc émotionnel mais comme jamais j’en avais eu. Le genre de choc où on ne peut plus se lever le matin. J’ai lancé un recrutement mais c’était vraiment au-delà de mes forces. Donc j’ai dû prendre une décision très difficile mais vraiment au niveau de ma santé je ne pouvais pas faire autrement. Tout le monde était vraiment choqué donc j’ai pris la décision très difficile et très grave de fermer Mon petit bikini, du jour au lendemain. Je me suis laissé 10 jours pour fermer le site. J’en avais besoin, j’avais besoin de vacances, de respirer. Quand on est chef d’entreprise, on ne peut pas ne pas travailler, faire un arrêt maladie. Mais je ne pouvais plus aller au bureau, je ne pouvais plus parler de l’entreprise, c’était lié à elle, c’était vraiment trop difficile. Quand j’ai fermé, tout le monde m’a dit que j’étais folle, que c’était du gâchis, que j’avais travaillé sur cet empire depuis des années, que j’allais perdre de l’argent… J’ai pris des vacances en famille, ça m’a fait beaucoup de bien. C’est vraiment ce dont j’avais besoin. J’ai fait beaucoup de sports aussi, ça a été une thérapie. Et après, comme d’habitude, la spiritualité m’a aidée. J’ai fait des soins énergétiques, des massages, des choses qui me font du bien. Et au final, à la fin des vacances, je ne savais pas ce qui allait se passer, ce que j’allais faire. Mais j’ai eu une bonne nouvelle. Une marque, un gros groupe que je connaissais et avec qui j’avais travaillé sur Mon petit bikini, m’a contactée pour dire ‘coucou, on est là. Tu as fermé mais on est intéressé et on veut reprendre Mon petit bikini’.

C’est une annonce que tu as déjà faite auprès de tes clientes et abonnées ?

Oui, j’ai annoncé QUE Mon petit bikini avait été revendu, que le site allait rouvrir, qu’une nouvelle collection allait sortir dès cet été. Je n’ai pas encore dit par qui ça avait été repris, parce qu’on va attendre que tout soit prêt, même si c’est officiel. Les bruits courent d’ailleurs. Mais tout est fait, tout est signé et ils ont les clés de Mon petit bikini. J’ai continué à travailler avec eux.

Donc tu vas quand même garder un lien sur du long terme avec Mon petit bikini ?

Pas à temps plein parce que j’ai envie d’autre chose aussi maintenant. J’ai encore envie de faire une année sabbatique. Je continue de faire de la création de continu, j’adore ça, ça me fait du bien. Mais oui, je vais avoir un lien bien sûr. On s’appelle souvent, on se tient au courant, je vais aller voir les collections. Je vais porter les maillots, on va travailler sur de la communication ensemble, sur les réseaux sociaux, sur l’influence etc. Ce n’est plus mon bébé mais je suis très heureuse de cette fin, c’était inespéré. C’est un très gros groupe dans lequel j’ai confiance, qui comprend l’ADN de Mon petit bikini, qui me connaît. J’adore la manière dont il travaille donc c’est une fin heureuse. Parce que je sais que la marque donc je serai toujours la créatrice et la fondatrice va perdurer. Je sais qu’ils vont la faire exploser, j’ai aucun doute.

Tout à l’heure, en te présentant, tu nous as dit que tu étais une entrepreneure retraitée, c’est ça ? Tu peux nous expliquer ? Parce que pour les gens normaux la retraite signifie que l’on a fini de travailler. Mais toi on a du mal à imaginer que ce soit le cas.

C’est vrai que cet été, tout le monde m’a dit que j’allais recréer une entreprise. J’étais dans le déni total, je ne voulais plus en entendre parler. J’avais vraiment envie de me reposer. On m’a déjà proposé des associations, des business etc, mais je voulais qu’on me laisse tranquille et me reposer. Mais maintenant, je vais un peu mieux. Le deuil a pris vraiment beaucoup de temps, je pense être encore dedans mais le temps fait les choses. Je vais un petit peu mieux chaque jour et donc je commence de nouveau à trépigner, à avoir de nouvelles idées. Mais ce sera différent. Je ne me vois pas refaire une énorme start-up comme Mon petit bikini, avec plein de salariés. C’est beaucoup de pression, beaucoup de travail. Mais j’ai quand même envie de continuer ma carrière. Donc retraitée, pour l’instant.

On te souhaite vraiment tout le meilleur pour la suite. Dans tous les cas tu vas continuer à exercer ta passion. Parce que finalement c’est ça depuis le début : de la passion.

C’est ça, et j’aimerais bien transmettre cette passion de l’entrepreneuriat, de la création, donner de la bonne énergie aux futures générations, aux futurs entrepreneurs.

J’espère vraiment que cette interview aura peut-être aidé ou inspiré du moins les personnes qui veulent se lancer, à plus ou moins gérer leur carrière comme elles l’entendent. Comme tu dis il y a beaucoup de choses à prendre en compte. Il faut s’écouter, penser à sa santé mentale, c’est devenu essentiel. Et c’était bien de le rappeler ! Merci beaucoup Audrey et merci encore à l’hôtel le Suquet de nous avoir accueillies !

Retrouvez l’interview précédente avec Alicia Mahé ici, et celle de Claire alias On dirait le Sud ici.

Crédit photos et vidéo : Baris Demiray

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