Blogueuse de référence sur la Côte d’Azur, Anne, qui est à l’origine de What about Nice, est sur tous les fronts. En tant que femme plus qu’active et aussi maman solo, elle a accepté de se livrer sur son quotidien chargé, ses doutes et ses espoirs, aussi. Un discours des plus inspirants, et authentiques.
Madame Riviera : Peux-tu te présenter ?
Anne Lombardo : Je m’appelle Anne, j’ai 43 ans et je suis maman d’une fille de 12 ans. J’ai plusieurs casquettes : je suis community manager dans une agence de publicité à Monaco mais mon métier de coeur, c’est journaliste. Alors à côté de cette activité à temps plein, j’ai lancé il y a 11 ans, un blog lifestyle qui s’appelle What about Nice. Celui-ci parle bien évidemment de Nice, de mes bons plans, de mes idées de sorties… bref de tout ce qui est à faire et à voir ! J’essaie aussi de mettre en avant les azuréens dont j’admire le parcours à travers une rubrique dédié What about you ?.
En plus de tout ça, je suis également en train d’écrire un guide sur Nice qui va sortir au printemps 2024 : 111 lieux à Nice à ne pas manquer. Ce dernier me demande beaucoup de travail, alors je m’y consacre pendant mes pauses déjeuner, le soir mais aussi les week-ends. En somme, je suis sur plusieurs fronts… et j’essaie d’être une bonne maman et d’être la plus présente possible pour ma fille.
En quoi est-ce difficile d’être maman solo en tant que femme active ?
Je suis séparée du papa de ma fille depuis 2015. Ma fille avait alors 5 ans et j’ai la garde à temps plein depuis. Je m’entends très bien avec le papa. De par sa profession, il a dû partir à Paris quelques temps puis il est revenu l’année dernière dans la région alors ça lui permet d’avoir la garde de notre fille les week-ends, et même de plus en plus. C’est vraiment génial pour elle… Et pour lui bien sûr !
Je suis donc ce qu’on appelle une ‘maman solo’ mais je ne suis pas un parent isolé. Je tiens à le préciser parce que j’ai la chance de pouvoir compter sur le papa quant il s’agit de l’éducation de notre fille. Et ça, c’est une vraie chance de ne pas se déchirer !
Après, effectivement je suis seule avec ma fille et ce n’est pas toujours facile. Aujourd’hui ça l’est plus car elle a grandi mais pendant quelques années il y a eu des moments très durs. Mais point positif, quand c’est difficile, on renforce son caractère !
Être maman solo : « Tu es la mère imparfaite aux yeux de la société »
Louise m’a vue pleurer de nombreuses fois. Quand elle me demandait « Pourquoi tu pleures maman ? », je lui répondais : « maman est fatiguée ». Ça a été dur parfois, oui… Vraiment. D’autant qu’au tout début on vivait dans un petit appartement de 25m2 à deux. Maintenant, je suis heureuse de vivre dans un 60m². Même si ce n’est que du matériel, ça change tout. Vraiment. Et quand on est une femme seule avec un enfant pour trouver un logement décent, je peux vous assurer que ce n’est pas facile. Et on ne nous fait pas de cadeau ! Les banques, les agences… ce n’est pas simple et il faut se battre !
Quand tu es seule avec un enfant, tu fais vite le tri dans ton entourage qui doit être solide et de confiance. Alors, pour ma part, je n’ai pas beaucoup d’amis, mais ceux que j’ai sont en or et je peux compter sur eux. Comme je peux compter sur ma mère. Elle est dans le Var, et en cas d’urgence, elle ne peut pas venir comme ça c’est certain, mais elle est là. Et je ne la remercierai jamais assez d’avoir été là pour venir me garder Louise lorsque je n’avais pas d’autres choix.
Quand tu es maman solo parfois tu as l’impression d’être vue comme un ovni parce que tu es la mère imparfaite aux yeux de la société. Et je n’invente rien… il y a encore beaucoup de jugements là-dessus ! Du style : « Tu as voulu ta liberté, et bien tu l’as eue ! ». Cette phrase, je l’ai déjà entendue. Aujourd’hui quand j’entends ça, ça me fait sourire… Je laisse parler ! Je me dis que ceux qui comprennent tant mieux, ceux qui ne comprennent pas, tant pis ! J’ai d’autres combats à mener que de chercher à convaincre.
T’es tu déjà sentie à bout moralement au point de vouloir abandonner l’un de tes projets ?
Oui, plein de fois. Ma fille m’a souvent entendu dire « J’arrête tout, je n’en peux plus. Je n’y arrive plus ». Cette année est exceptionnelle parce que je suis vraiment sur tous les fronts. Quand j’aurai fini mon guide, je pense que je vais pouvoir souffler. Mais vraiment ! J’ai eu des vrais moments de découragement, des moments où je me suis dit « Mais pourquoi je fais tout ça ? Pourquoi j’ai besoin de prouver tout ça ? A qui ? ». Quelques fois je me suis dis que je devais arrêter, au risque d’y laisser ma santé.
« J’arrive à être fière de moi et de mon parcours »
Mais aujourd’hui ça va beaucoup mieux car que je m’écoute vraiment, même si je suis très exigeante avec moi-même. Je me dis que je n’ai pas le droit de faillir. Parce que si je tombe, il n’y aura personne pour ma fille. Longtemps, j’ai eu des angoisses par rapport à ça. Donc plein de fois j’ai voulu abandonner le blog et tout le reste. Et à chaque fois que j’ai voulu abandonner, il y a eu un ‘truc’ qui s’est passé… Vous savez ce qu’on appelle un signe ! Maintenant j’ai compris que je devais aller à mon rythme et faire comme je peux.
Aujourd’hui, as-tu certaines clés que tu n’avais pas avant pour mieux gérer ta vie de maman et ta vie professionnelle ?
On fait comme on peut et il faut se lâcher la grappe ! Important aussi : faire des priorités ! Un autre ‘truc’ très bête également (et galvaudé) : apprendre à dire « non ». Parce que dire non, c’est se respecter. Quand tu dis non, tu te respectes et quand tu te respectes, tout s’éclaircit bizarrement. Avant j’avais tendance à dire « Il n’y a pas de problème », mais je me noyais, et je n’y arrivais pas. Dire « non » aussi à des relations toxiques, en amitié comme en amour. A ces gens qui ont une fausse bienveillance, qui disent « ma pauvre », par exemple. Et le jour où tu vas bien, il n’y a plus personne.
On dit qu’on reconnaît les vrais amis quand ils sont là dans les mauvais moments. Mais ils doivent aussi être là dans les bons moments. Quand les choses commencent à bien tourner pour toi, que tu commences à être mieux, à t’affirmer, il y a des gens qui disparaissent. Donc faire des tris est nécessaire pour avancer. S’écouter, écouter sa petite voix, également. Chose que je ne fais pas toujours, mais j’y arrive. Bien gérer ses émotions est aussi important. Sur ce point là, par contre, j’ai encore un peu de chemin à faire. Mais j’arrive à être fière de moi et de mon parcours.
Ta fille as 12 ans maintenant et est assez grande pour comprendre ton rôle de ‘working mom’. Que pense-t-elle de ce train de vie ?
Elle comprend parfaitement. Parfois je sais qu’elle se sent un peu délaissée. Dans ces cas-là, on parle beaucoup mais j’essaie vraiment de passer du temps qualitatif avec elle. Par exemple, ce week-end, j’étais en avance sur mon guide. J’avais une photo à faire et on est parties se balader. On a fait une randonnée au Cap de Nice, avec un pique-nique. Je me suis 100 % consacrée à elle, on a bien rigolé. Elle est drôle elle a beaucoup de dérision et d’humour. On parle de tout, je l’écoute sans jugement, même s’il m’arrive de la gronder encore. Mais elle comprend mon travail. C’est même elle qui me disait de ne pas abandonner.
Louise est une petite fille très dynamique, elle s’intéresse à beaucoup de choses. Je ne dis pas ça parce que c’est ma fille, mais elle est intelligente. Dans le sens où elle a tout compris. Même des choses que j’ai moi-même mis 30 ans à comprendre. Elle a compris l’importance de la bienveillance envers soi-même. Quand elle m’entend « me » dire devant le miroir « Ah, qu’est-ce t’es moche ! », elle me dit « Maman, ce n’est pas bien de dire ça. Quand tu t’insultes, tu m’insultes moi aussi ».
Elle s’inquiète pour moi aussi beaucoup. Même si je ne veux pas, parce qu’elle a sa vie à faire et sa vie d’adolescente en devenir. Et elle comprend mon rythme, elle sait que je dois travailler. Mais elle sait aussi que tout ça va payer, au sens propre et figuré. Et j’espère plus tard lui servir de modèle pour qu’elle puisse s’épanouir dans sa vie personnelle et professionnelle.
Penses tu qu’une femme puisse réellement se suffire à elle-même, sur tous les plans ?
Je me suis séparée il n’y a pas très longtemps d’un homme que j’aimais. Il m’a fait comprendre qu’il n’y avait pas de place pour lui dans ma vie. Après, c’est plus complexe que cela, bien évidemment. Mais je pense qu’il n’avait pas tort. Encore une fois, cette année est particulièrement dense.
Quand tu as un chéri, le voir une fois par semaine ce n’est pas assez. Et je me suis rendue compte qu’effectivement, je ne lui ai peut-être pas donné la place qu’il méritait. Mais c’est que je ne sais peut-être plus comment faire. Je ne veux pas être trop, ni pas assez. Mais je ne suis pas non plus un pot de fleurs ! Et puis du haut de mes 43 ans et de mes expériences passées, on accumule des blessures qui ne sont pas toujours soignées. Mais c’est en cours de guérison. Et puis l’amour parfois ne suffit pas à reconstruire !
Quand tu es maman solo, tu peux parfois être vue comme « un cas » ou une proie. Bizarrement, je pense que je dégage l’apparence d’une femme forte alors que je suis quelqu’un d’ultrasensible. Trop même. Sensible mais pas fragile, je tiens à le préciser !
Je ne pense pas qu’une femme puisse se suffire à elle-même. Je suis quelqu’un qui s’intéresse à tout, je ne suis pas très matérielle donc peu de choses me contentent. Mais j’en ai un peu marre de cette image de « femme forte » et de « femme à assumer ». Ce n’est qu’un masque, une façade. Oui, il y a une place pour un homme, mais il faut du temps. Je ne peux pas tout révolutionner comme ça. Je pense qu’on peut se suffire à nous-même un temps, mais à un moment donné, on a besoin d’une épaule sur laquelle s’appuyer. Et puis c’est quand même chouette de partager des moments à deux, d’aimer, d’être aimé… On en a tous besoin, de ces ailes pour avancer !
