Depuis toujours, le sexisme fait partie du quotidien des femmes, et se retrouve notamment dans le milieu professionnel. En 2022, des lois existent pour lutter contre ce fléau, mais les mentalités n’ont hélas pas toutes évolué. Violette Kerleaux, chercheuse en psychologie sociale spécialisée dans le sexisme, nous en parle.
Nous le savons, les discriminations ont la peau dure, et persistent dans le temps. Les femmes en subissent beaucoup, c’est un fait, et se sont forgées depuis toujours pour vivre avec, et avancer. Malheureusement, le sexisme ne déroge pas à la règle. Les femmes le subissent au quotidien, et bien que certaines mentalités aient évolué, d’autres en ont décidé autrement.
Violette Kerleaux, chercheuse en psychologie sociale spécialisée dans le sexisme et les inégalités de genre, a accepté de nous éclairer sur ce que la virilité toxique fait subir aux femmes dans leur environnement professionnel. Également sur l’évolution du sexisme dans le monde du travail. Une petite évolution, certes, qui commence toutefois à porter ses fruits selon elle.
La ‘puissance masculine’ ou la virilité toxique
Violette a tout d’abord tenu à nous en dire plus sur la naissance du sexisme. On parle aussi de ‘puissance masculine’ ou de virilité toxique : « La puissance masculine ou la virilité toxique sont les comportements stéréotypés qui sont inculqués aux hommes (‘ne te laisse pas faire si on t’embête’, ‘ne pleure pas devant les autres’, ‘mets-toi en colère quand tu n’es pas respecté’, etc.). Ces derniers sont à l’origine du développement des comportements violents », nous confie-t-elle. Suite à cela, Violette nous explique que ce sont « les femmes qui subissent les conséquences de cette éducation masculine centrée sur la domination et le pouvoir. »
Et cette ‘puissance masculine’ se retrouve particulièrement dans l’univers professionnel, comme nous l’explique notre experte : « Le sexisme existe partout, mais le travail est un lieu de reproduction des hiérarchies et de lutte pour le pouvoir. En effet, au travail on est en compétition et les incivilités à caractère sexiste ou sexuel peuvent être un outil accessible à tou.tes. Et facile à utiliser, permettant ainsi de se hisser dans la pyramide de la société. », analyse-t-elle, avant de poursuivre : « Au travail, ce que je constate, c’est à quel point on cherche à se battre contre les comportements toxiques, le management harcelant ou les prises de décisions qui blessent la planète. Pourtant, on valorise encore et toujours des profils de leader qui adoptent les codes de puissance masculine.Trop surs d’eux, combatifs, agressifs dans la négociation. Si on en est encore là, c’est parce qu’indirectement on valorise plus systématiquement ce qui appartient culturellement au monde des hommes. », conclut-elle.
La confiance en soi, élément clé dans le monde professionnel
Violette, dans ses fonctions, a très souvent eu l’occasion d’analyser les comportements au sein d’une entreprise. Elle a pu en tirer certaines conclusions. « En entreprise on valorise beaucoup la confiance en soi. Donc lors d’une réunion, on va écouter celui qui parle le plus fort. Ou qui prend une posture plus assertive. A la fin, c’est cet homme-là qui va être promu. Pas nécessairement parce qu’on ne veut pas d’une femme. Mais parce qu’en répondant au code de la virilité, l’homme qui parle fort va être perçu comme plus compétent. », nous explique-t-elle.
Notre chercheuse en psychologie sociale a par ailleurs souhaité donné quelques conseils primordiaux pour réagir face à une situation de sexisme au travail. « Les femmes et les hommes doivent apprendre à réagir au sexisme en tant que victimes et témoins. Pour cela, il faut d’abord apprendre à reconnaître et identifier les comportements et propos sexistes. Il faut aussi bien connaître ses droits et ses devoirs. Depuis 2018, les propos sexistes sont interdits par le code du travail. Ensuite, il faut développer des stratégies pour agir dans des contextes très différents. Il n’y a pas de clé magique. On ne confronte pas de la même manière son collègue/ami que son boss sur un propos sexiste. », explique-t-elle clairement.
Sommes-nous sur la bonne voie pour finalement éradiquer le sexisme au travail ?
A cette question, Violette Kerleaux a une fois de plus répondu en toute objectivité et avec optimisme. « Oui. Il y a de nombreuses lois qui sont sorties et oblige les entreprises à investir dans la prévention du sexisme. Dans l’ensemble, ça bouge beaucoup. Je trouve aussi qu’on assiste à une modification des mentalités depuis #Metoo. Disons que ce n’est pas gagné, mais que chaque jour, on avance. », conclut-elle positivement.
