Pauline Pain

Témoignage : « A 14 ans, le diagnostic est posé : je suis anorexique. »

Pauline Pain, 20 ans, est une influenceuse lilloise passionnée de mode. Malgré son sourire constant et son feed positif, la jeune femme se relève tout juste d’un long combat. L’anorexie, qui l’a frappée alors qu’elle n’avait que 14 ans. Elle nous raconte son histoire avec les troubles du comportement alimentaire, encore jugés tabous.

« Je perds juste 3/4 kg pour me sentir mieux et j’arrête ».

C’est ce que je disais il y a maintenant 7 ans, et ce que j’aurais aimé tenir comme engagement. Ça n’a malheureusement pas été le cas.

C’est à l’âge de 14 ans que les troubles du comportement alimentaire sont apparus dans ma vie. L’anorexie, pour être plus précise. Encore collégienne, plutôt bien dans ma peau malgré quelques critiques reçues au cours de ma vie sur mon physique : « trop grosse » selon certains. J’étais une jeune fille pétillante et pleine de vie qui décide de perdre quelques kilos. Au démarrage, tout mon entourage était fier, je deviens une jeune femme qui veut prêter un peu plus attention à elle. Puis 3, 4, 6, 12 kg de perdus. Ca y est, le cercle vicieux a commencé et les kilos ne s’arrêtent plus. Petit à petit les applications pour calculer les calories étaient devenues mes meilleures amies. Chaque calorie, la moindre chose qui entrait dans mon estomac était comptée. La balance faisait partie de mon quotidien, un jour : une pesée.

Les vacances arrivent, plus d’école, je m’isole. Je m’enferme dans une bulle où je ne pense qu’à mes repas, qu’aux calories, qu’à mon poids et qu’à cette obsession de toujours plus perdre. Les vacances se passent, c’est l’horreur. Mon entourage découvre petit à petit ce qui se passe sans réellement connaître ce qu’étaient les troubles alimentaires. Des vacances où je ne savais pas me mettre dans l’eau même sous 35 degrés. Des vacances où les restaurants me faisaient perdre connaissance rien que de penser à ce que j’allais bien pouvoir prendre. Des vacances qui ont finalement laissé place à la rentrée, comme chaque année. C’est donc la rentrée : au lycée, personne ne me reconnaît. Quelques professeurs pensent même que je suis nouvelle élève tant j’ai changé physiquement. « Wow mais comment tu as fais ? » « Tu as fait du sport ? » « Trop belle ».

Hospitalisation d’urgence

1er octobre 2016, pesée habituelle chez moi : +100g. J’ai pris du poids, je ne supporte pas l’idée et je fais un malaise. Me voilà hospitalisée, les médecins annoncent à mes parents que je suis en danger vital. Pas étonnant : – 35 kg au compteur. Je pèse 40 kg pour 1,80 m, le diagnostic est posé : je suis anorexique. Je passe 1 mois dans cet hôpital non spécialisé dans les TCA. Je sors en ayant réintégré quelques repas et en pensant reprendre du poil de la bête. Rechute quelques semaines plus tard, il est temps de prendre rendez vous avec des spécialistes.

C’est en janvier 2017, après quelques semaines et mois d’attente que l’on m’annonce une hospitalisation dans un centre spécialisé. C’est la seule issue de secours pour me remettre sur pieds. Mes parents acceptent, je n’ai plus le choix. Je passe donc 7 mois, 7 longs mois dans une clinique et un petit service spécialisé dans ces troubles. Le droit à 2 visites par semaine et seulement des parents. Plus de téléphone, pas de sortie, presque pas le droit d’aller même à la cafétéria de l’hôpital pour éviter de m’épuiser. Chaque semaine, des rendez vous avec des psychologues, psychiatres, diététiciens. Je suis sondée afin de reprendre du poids plus rapidement. Chaque nuit, 2000 calories entrent en moi. Je reprends difficilement du poids mais je l’accepte petit à petit. Au fur et à mesure, je goûte à nouveau des plats, des aliments dont je n’avais plus le souvenir et j’apprécie de plus en plus le fait de re manger. Je retrouve le plaisir, cette simple sensation si importante mais que j’avais perdu depuis des mois.

Entre prise de poids et rechutes

Au fil des mois, mon objectif est de reprendre du poids pour sortir de l’hôpital et reprendre ma vie de jeune femme qui me manquait tant. + 15 kg, un poids plus convenable : je peux sortir, enfin.

C’était donc les premières années de cette maladie si terrible. Depuis, les années sont passées et passent encore. Une maladie qui est semée de rechutes, de hauts et de bas. Cela a été mon cas, depuis la sortie de l’hôpital où de nombreuses rechutes ont eu lieu, plus terribles les unes que les autres. Parfois, nous pensons aller mieux et avoir eu ce fameux « déclic ». Mais nous sommes vite rattrapés par une petite voix dans notre tête qui nous dit de ne surtout pas prendre de poids et ne surtout pas manger.

Il faut beaucoup de détermination et de persévérance pour combattre la maladie et aller mieux sur le long terme. C’est un combat de tous les jours. Un combat perpétuel dans la tête et c’est le plus gros combat de ma vie. Les TCA sont actuellement et malheureusement encore relativement tabous. Il n’y a inévitablement pas assez de vigilance quant à ces maladies considérées peut-être comme « pas assez graves ». Elles sont pourtant mortelles. Énormément de personnes ne comprennent pas ces troubles, trop ont tendance à les comparer à des maladies comme le cance. Alors qu’aucune maladie ne devrait être comparable. C’est ce qui entraîne d’ailleurs l’isolement du malade car les TCA provoquent souvent l’incompréhension des proches. Et entraînent également énormément de conflits soit dit en passant.

Combattre l’anorexie sur le long terme

A mon grand désespoir, les TCA ne se soignent pas à l’aide de médicaments et peuvent durer 1 an comme toute une vie. Autant physique que psychologique, seul le malade peut agir pour guérir. C’est un sujet dont je pourrais parler des heures tant il y a de choses à dire. Tant l’anorexie et les TCA ne se cantonnent pas à la maigreur mais à une grande détresse psychologique. Mon plus grand souhait aujourd’hui est de faire passer à travers mes réseaux sociaux et mes témoignages, un message de prévention. Faire que ces troubles soient plus mis en avant chez les jeunes mais également chez les moins jeunes. Chez les jeunes car la plupart du temps les TCA se développent tôt et les moins jeunes car l’entourage des malades a besoin de comprendre ce que sont ces troubles et comment accompagner au mieux la personne dans la maladie. Faire que les gens se rendent compte de la gravité et du risque de tomber dans cette spirale infernale.

Aujourd’hui je vais mieux, j’avance, je combat, j’ai la chance d’être bien entourée, j’aide et je fais tout mon possible pour alerter sans cesse. Rien n’est impossible, nous pouvons guérir de ces maladies. C’est simplement un combat perpétuel mais possible. J’ai envie de finir par une note positive et ma citation favorite, « Carpe Diem ».

Pour plus de renseignements sur les Troubles du comportement alimentaire, rdv ici.

Retrouvez Pauline sur son compte Instagram @paulinepain_

Autres articles de

Tu pourrais aussi aimer

Rechercher

Generic selectors
Exact matches only
Search in title
Search in content
Post Type Selectors
Filter by Categories
Actu | Beauté
Actu | Mode
Beauté
Coiffure
Créatrices de la Côte
Culture | Évasion
Évasion
Focus mode
Food
Hôtellerie | Évasion
Les Coachées
Madame en société
Madame teste
Maquillage
Mode
Muses
Shopping | Beauté
Shopping | Mode
Trendstagram | Beauté
Trendstagram | Mode