Témoignage : « A 26 ans, j’ai appris que j’avais un cancer du sein »

Méganne aka @worldofadvice sur Instagram a accepté de nous raconter son histoire en ce mois dédié au cancer du sein. A 26 ans, la jeune femme a eu le reflex de se palper, et a découvert une masse. Ce geste lui a sauvé la vie, et depuis, elle souhaite inciter toutes les femmes à palper leurs seins, au moins une fois par mois.

« Je réalise ce témoignage pour raconter mon histoire et surtout sensibiliser les gens à l’auto-palpation. C’est vraiment ce sujet là qui me tient à cœur.

Tout a commencé un soir de mi-mai. Je rentrais d’une soirée pizzas en bord de Seine avec ma meilleure amie, on était vraiment sur une bonne soirée, il y avait un super temps, c’était vraiment super. Je rentre chez moi, je prends ma douche, et j’ai ce déclic depuis le décès de ma maman suite à son cancer du sein il y a maintenant 4 ans de me palper assez régulièrement. Au moins une fois par mois. J’essaie de faire attention à ça même si, suite au décès de ma mère, les médecins m’ont toujours dit que « je ne risquais rien » parce que jusqu’à mes 30 ans il ne fallait vraiment pas que je m’inquiète. Malgré le fait que celui de ma mère ait été particulièrement virulent et particulièrement méchant. Ils me disaient qu’il ne fallait pas que je m’inquiète par rapport à ça, qu’on commencerait à faire des examens un peu plus sérieux à mes 30 ans mais que pour le moment je pouvais vivre un peu sereinement ma jeunesse sans avoir l’inquiétude du cancer qui plane au-dessus de ma tête.

Le reflex de l’autopalpation

Mais par acquis de conscience, je faisais quand même attention à me palper au moins une fois par mois. Donc là je rentre chez moi, je prends ma douche et j’ai ce reflex en me regardant dans ma glace de me palper les seins. Les gens s’imaginent toujours que la palpation est une chose hyper compliquée à faire, mais non en réalité c’est très simple. Il suffit juste de toucher son sein avec ses doigts et de venir faire rouler son sein dans le creux de sa main. La moindre bosse, la moindre chose qui n’était pas présente auparavant comme un changement de texture de la peau, une petite boule à l’intérieur du sein, un liquide qui pourrait se sécréter par le mamelon, ce genre de choses sont vraiment les signaux à prendre en compte et pour lesquelles il faut s’inquiéter. Donc c’est ce que je fais à ce moment là. Je pose la paume de ma main sur mon sein droit et là je sens une masse à côté de mon mamelon venir se coller dans la paume de ma main donc par acquis de conscience je palpe mon sein gauche en me disant ‘peut-être qu’il y a la même chose à gauche, peut-être que c’est normal’ et il n’y avait pas ça à gauche. Donc je commence un petit peu plus à paniquer. Mon reflex, tout de suite, a été d’appeler ma meilleure amie avec qui je venais de passer ma soirée pour lui demander ‘est-ce que tu aurais toi aussi une espèce de masse dans ton sein ?’. On se rassure comme on peut, on appelle ses copines. Je lui explique, je lui dis que je sens comme une boule dans mon sein, qui est quand même assez grosse et dure, qui ne bouge pas, qui n’est vraiment pas mobile dans mon sein. Je lui demande si elle a la même chose. Elle me dit alors que non, pas du tout, qu’elle ne ressent rien.

Donc dans ma tête je pense tout de suite au cancer parce que, bien évidemment avec mon histoire familiale, c’est la première chose qui me vient à l’esprit. Mais d’un autre côté j’essaie aussi d’être un peu dans le déni en me disant que si j’arrête d’y toucher, demain ça aura disparu et que je m’inquiète pour rien. J’ai aussi ce problème de toujours me dire que je n’ai pas envie d’inquiéter les gens pour rien, je n’ai pas envie d’embêter le personnel médical, en plus on sortait du Covid. Je pense que notre génération a vraiment été marquée par la souffrance du personnel médical durant cette période, et je n’avais pas envie d’aller à l’hôpital ennuyer des infirmières, ennuyer des médecins pour un petit souci qui pour moi n’était rien du tout. Je m’endors donc là-dessus en me disant que ça aura disparu le lendemain.

“On prend ma situation à la rigolade”

Bien évidemment au réveil mon premier reflex a été de palper mon sein et de vérifier cette masse, qui était malheureusement toujours présente. Je passe la journée comme ça, et arrivée au soir je m’en rends malade et je me dis qu’il faut que je sache ce que j’ai parce que je ne peux pas dormir avec ‘ça’ dans mon corps. J’ai besoin d’être rassurée, et de voir un gynéco qui va me dire ‘ne t’inquiète pas, ce n’est rien’.

Je prends alors rendez-vous le lendemain chez un gynécologue et on prend un peu ma situation à la rigolade. Le gynéco ne me rit pas au nez mais il me dit « Mademoiselle vous avez 26 ans, pourquoi vous vous inquiétez comme ça ? » alors que moi je le regarde, je suis au bord des larmes, je suis extrêmement stressée par la situation, en plus j’ai tendance à faire des crises d’angoisse suite au décès de ma maman donc je ne suis vraiment pas bien. Je ne peux en parler à personne parce que pour moi il était hors de question d’informer mes proches sans avoir une vérité à mettre dessus, sans savoir exactement à quoi ça correspond. Donc je ne suis vraiment pas bien et je suis face à ce gynéco qui ne me prend vraiment pas au sérieux parce que je suis jeune, parce que j’ai 26 ans, parce qu’à 26 ans on n’a pas de cancer. Et ça c’est vraiment quelque chose qui m’a marquée. Alors je lui explique mon passé, je lui explique la situation de ma maman et encore une fois il me dit qu’il n’y a pas d’inquiétude à avoir. Et pour dire à quel point il ne s’inquiétait pas de la situation, il a commencé par me faire un frottis, donc il n’a même pas regardé mes seins en premier. Il me disait « Non, on va faire un frottis d’abord, on va aller vérifier. » Bon, ok, donc je me retrouve toute nue devant un gynécologue que je n’ai jamais vu, avec qui je discute depuis 3 minutes montre en main. Je ne suis vraiment pas à l’aise, je ne suis pas bien et je me demande ce que je fais là. Donc on fait le frottis et ensuite il passe finalement à l’auscultation de mon sein, il touche la masse dans mon sein et il s’inquiète sans vraiment s’inquiéter. Je vois une petite grimace sur son visage qui n’est absolument pas rassurante mais il me dit « Bon, on ne va même pas faire une mammo. Je pense qu’on va juste voir pour faire une échographie. Essayez de prendre rendez-vous pour en avoir une. »

Biopsie et attente

Je ressors donc de là en me disant qu’il faut que je me trouve une échographie donc heureusement que Doctolib existe et que sur Paris j’arrive à avoir une échographie deux heures après. Je me retrouve alors devant un radiologue qui lui non plus ne prend pas ma situation au sérieux malgré encore une fois tout ce que je lui explique. Il m’a alors dit que c’était hors de question qu’il me fasse une mammographie, que j’étais trop jeune et qu’il y avait trop d’effets secondaires avant 30 ans donc on fait une écho et ensuite on vérifie. Après l’écho je fonds en larmes sur la table de consultation, je ne me sens pas bien, j’ai l’impression que l’on ne me croit pas et d’embêter les gens. C’est vraiment un sentiment très particulier. Je suis tétanisée sur la table d’auscultation pendant qu’il me fait l’échographie et c’est en voyant ma détresse, en voyant que je ne vais pas bien que le radiologue décide de me faire directement une biopsie. C’est à dire que je ne passe même pas par l’étape mammographie donc on va aller prélever un morceau de la masse qui était dans mon sein. C’est quelque chose qui est quand même extrêmement douloureux, on ne va pas se mentir. Il me fait donc la biopsie comme ça, à froid, et je ressors avec un sein meurtri, avec un énorme bleu dessus, un énorme pansement et je me demande ce qu’il vient de se passer.

Je rentre chez moi, on m’annonce que je n’aurais les résultats qu’au bout de 10 jours. Donc il faut pouvoir patienter 10 jours comme ça, sans savoir ce qu’il en est… Je décide quand même d’en informer mon papa parce que c’est l’une des personnes avec qui je suis le plus proche dans ma famille et je rentrais le soir même chez lui. Je ne pouvais pas rester sans rien lui dire. Il essaie ensuite de me rassurer au maximum en me disant que dans tous les cas, heureusement, je m’en étais rendu compte très rapidement. J’avais fait les examens très très rapidement également. C’est vrai que c’est quelque chose dont je me remercie énormément, parce que j’ai tout de suite extrêmement vite réagi. Je n’ai pas attendu de me dire ‘j’ai cette masse, j’attends deux semaines, trois semaines’. J’avais rendez-vous presque deux mois et demi après chez la gynécologue que je connais et qui me suit, donc j’aurais pu me dire d’attendre deux mois et demi et ma conscience m’a dit de faire tous les examens qu’il faut. Heureusement pour moi parce que je me suis clairement sauvé la vie à ce moment là en me palpant et en faisant tous les examens nécessaires dès le début.

Le verdict tombe

J’ai donc attendu les résultats, et 10 jours après j’ai appris que j’avais un cancer du sein hormonaux dépendant de grade 2. Ensuite tout est allé très très vite. J’ai eu rendez-vous à l’institut Curry où j’ai rencontré mon chirurgien, on a programmé la chirurgie pour m’enlever le sein, j’ai eu une reconstruction directe parce que je pense que maintenant c’est quelque chose qui se fait un peu plus et que ça aide aussi psychologiquement parlant de ne pas se voir sans sein. Maintenant j’ai attaqué la chimiothérapie. Là on est le 30 septembre (au moment du témoignage, ndlr), j’ai appris que j’avais un cancer le 30 mai. Entre le 30 mai et le 30 septembre je n’ai déjà plus de sein, normalement la tumeur est partie également. J’ai fait déjà la moitié de ma chimiothérapie, il me reste encre trois séances et ensuite j’attaque la radiothérapie.

Tout ça pour dire : palpez vous ! Faîtes attention à vous, palpez vos seins, vraiment. On entend trop de choses, que le dépistage du cancer du sein se fait tous les deux ans de 50 à 74 ans, mais c’est totalement faux. Il y a des cancers du sein bien avant 30 ans donc c’est sur ça que j’insiste. Palpez vous, ça prend 5 minutes, une fois par mois, le 1er du mois on y pense, on se palpe et à la moindre hésitation, pas de recherche sur Internet, allez voir un médecin ! On a de la chance d’être dans un pays où on peut aller consulter gratuitement quasiment pour ce type d’examens donc foncez et n’attendez pas. Ne vous dîtes pas « Je verrai ça à ma prochaine consultation » parce que ça touche tout le monde, n’importe quand, à n’importe quel âge. »

Suite à son cancer du sein, Méganne a créé une marque de vêtements dont les bénéfices sont reversés à 3 associations liées à cette maladie. Par ici pour la soutenir et suivre son parcours de battante.

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